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Rétrospective Complète sur la Carrière Monumentale d’Alain Delon

Alain Delon, décédé le 18 août 2024 à l’âge de 88 ans, laisse derrière lui bien plus qu’une simple filmographie. Il lègue une empreinte indélébile sur le cinéma et la culture du XXe siècle, une légende forgée par des rôles inoubliables, une personnalité complexe et une vie vécue avec une intensité hors du commun. Revenir sur son parcours, c’est traverser plus de cinquante ans d’histoire du cinéma, des chefs-d’œuvre du cinéma d’auteur européen aux grands succès populaires qui ont fait de lui l’une des plus grandes stars de son temps. Né à Sceaux en 1935, son histoire commence loin des projecteurs. Une enfance difficile, marquée par une instabilité familiale et scolaire, le conduit à chercher une voie en dehors des sentiers battus. L’engagement dans la Marine et le départ pour l’Indochine sont des expériences fondatrices qui lui apprennent la discipline et le confrontent à la dure réalité du monde. C’est à son retour à Paris, sans but précis, que sa beauté saisissante attire l’attention du milieu du cinéma. En 1957, il fait ses premiers pas devant la caméra. Son talent est naturel, instinctif. Il n’a pas besoin de cours ; l’écran l’aime, et le public suit immédiatement.

La décennie 1960 est celle de son explosion. Il devient rapidement l’un des jeunes premiers les plus en vue du cinéma français, notamment grâce à son rôle dans Christine (1958), où il rencontre Romy Schneider, avec qui il formera l’un des couples les plus mythiques de l’époque. Mais Delon aspire à des rôles plus profonds. C’est René Clément qui lui offre le personnage qui va définir sa carrière : Tom Ripley dans Plein Soleil (1960). Sa performance, mêlant charme angélique et perversité calculatrice, est une révélation. Il n’est plus seulement un beau jeune homme, il est un acteur capable d’explorer les recoins les plus sombres de l’âme humaine. Cette dualité deviendra sa marque de fabrique. Il attire alors l’attention des plus grands réalisateurs italiens. Luchino Visconti fait de lui une star internationale avec Rocco et ses frères (1960) et Le Guépard (1963). Il y apprend la rigueur et la composition, et son jeu gagne en profondeur et en maturité. Avec Antonioni dans L’Éclipse (1962), il incarne la solitude de l’homme moderne. En quelques années à peine, il s’est imposé comme une figure incontournable du cinéma d’auteur européen.

Son retour en France à la fin des années 1960 coïncide avec une nouvelle orientation de sa carrière. Il devient l’icône du polar à la française, un genre qu’il va marquer de son empreinte. Sa collaboration avec Jean-Pierre Melville est légendaire. Le Samouraï (1967) est un chef-d’œuvre de minimalisme où Delon, dans la peau du tueur à gages Jef Costello, atteint un sommet de son art. Son visage impassible, son regard intense et son silence en disent plus que n’importe quel dialogue. Il retrouvera Melville pour Le Cercle Rouge (1970) et Un Flic (1972), confirmant son statut de maître du genre. Parallèlement, il connaît d’immenses succès populaires, comme La Piscine (1968), où il retrouve Romy Schneider, et surtout Borsalino (1970), un triomphe commercial qui le voit partager l’affiche avec son grand rival et ami, Jean-Paul Belmondo. Pour mieux comprendre l’étendue de son travail, il est utile de lire les analyses de ses films les plus marquants.

Devenu une star incontestée, Alain Delon décide de prendre le contrôle de sa carrière en créant sa propre société de production, Adel Productions, au début des années 1970. Il devient un acteur-producteur influent, choisissant ses projets avec soin. Il alterne les films de gangsters et les polars, qui assurent sa popularité, avec des œuvres plus ambitieuses et personnelles. L’exemple le plus frappant est Monsieur Klein (1976) de Joseph Losey, un film exigeant sur l’identité et la culpabilité sous l’Occupation, pour lequel il livre une de ses plus grandes interprétations. Dans les années 1980, il passe même à la réalisation avec deux polars efficaces, Pour la peau d’un flic (1981) et Le Battant (1983), où il met en scène des personnages qui lui ressemblent : solitaires, déterminés et fidèles à leur propre code de l’honneur. C’est aussi à cette période qu’il reçoit la reconnaissance de ses pairs, avec le César du meilleur acteur en 1984 pour son rôle à contre-emploi dans Notre histoire de Bertrand Blier.

Les décennies suivantes voient son activité cinématographique se réduire, mais chaque apparition reste un événement. Il explore des rôles plus introspectifs et n’hésite pas à jouer avec son propre mythe, comme dans son interprétation de Jules César dans Astérix aux Jeux Olympiques (2008). Le théâtre lui offre également de nouvelles opportunités. Mais au-delà de sa carrière, c’est l’homme qui fascine, avec ses amours passionnées, ses amitiés indéfectibles, ses controverses et ses engagements, notamment pour la cause animale.

  • 1957 : Débuts au cinéma dans Quand la femme s’en mêle.
  • 1960 : Consécration internationale avec Plein Soleil et Rocco et ses frères.
  • 1963 : Palme d’Or pour Le Guépard de Visconti.
  • 1967 : Rôle iconique dans Le Samouraï de Melville.
  • 1970 : Triomphe du box-office avec Borsalino.
  • 1976 : Succès critique avec la production de Monsieur Klein.
  • 1981 : Premier film en tant que réalisateur, Pour la peau d’un flic.
  • 1984 : César du meilleur acteur pour Notre histoire.
  • 2019 : Palme d’honneur au Festival de Cannes pour l’ensemble de sa carrière.

L’héritage d’Alain Delon est immense. Il a incarné une forme de virilité moderne, à la fois séduisante et dangereuse, élégante et brutale. Son style de jeu, basé sur l’économie de moyens et l’intensité intérieure, a inspiré d’innombrables acteurs. Il a contribué à définir l’âge d’or du polar français et a laissé une galerie de personnages inoubliables. Plus qu’un acteur, il était un mythe, une icône dont l’aura continue de briller bien après sa disparition, rappelant à tous que le cinéma, parfois, peut créer des légendes éternelles.

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